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L’hiver à Anvers

8 avril 2013

Nos pas résonnent dans le hall de marbre de Brussels Centraal
Et puis nous sommes debout dans un train bondé.
A côté de moi un jeune belge,
Aux cheveux blonds et au visage d’enfant,
Parle à un couple qui pourrait être ses grands-parents.
« Après mon master » dit-il, « je prendrai une année pour voyager.
Un ami m’a proposé de parcourir l’Asie centrale à pied. »
Le couple acquiesce, l’encourage.
« Mais », le jeune homme continue, « je ne veux pas trop y penser encore.
Je dois écrire mon mémoire, et avoir ce voyage dans la tête me déconcentre. »

La gare d’Anvers est grande, lumineuse,
Une immense verrière métallique, des colonnes, des dorures,
Et de grandes horloges.
Nous commandons un café dans notre néerlandais naissant
Et sortons sous le ciel gris, dans les rues grises.

Nous nous arrêtons dans un restaurant iranien presque vide,
Il donne sur une place pavée aux façades baroques,
Nous mangeons des plats orientaux apportés par une serveuse aux yeux noirs,
Une glace au safran, orange et mystérieusement délicieuse.
L’église de la petite place s’appelle Carolus Borromeus.
Son plafond est blanc et or,
Ses murs sont couverts de boiseries sculptées,
Des bas reliefs avec l’histoire des premiers jésuites.
On les voit aux Indes, à Rome, sur une mer déchaînée.
Et puis des statues d’anges aux boucles en désordre,
Qui s’accrochent, songeurs, à des piliers,
Leurs ailes déployées derrière eux comme des flammes.

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Nous repartons, le soleil pointe,
Nous visitons la maison d’un riche marchand du 15ème siècle.
Une maison étroite, aux pièces minuscules,
Où vivaient huit personnes.
Dans la cuisine aux murs rouges et aux carreaux de Delft, on faisait aussi sa toilette,
Près du lit, un pot de chambre vidé par la fenêtre, le matin,
A l’étage, des cages à poules, pigeons et lapins.

Nous passons voir une galerie d’art moderne
Installée dans une ancienne chapelle.
Il y fait froid, les toiles ne nous plaisent pas.
Et puis nous descendons par de vieux escalators en bois.
Nous sommes sous le fleuve, un long tunnel carrelé,
Où passent piétons et vélos.
Imagine, me dit I., la personne qui a dû poser tous ces carreaux.
Nous prenons l’ascenseur de l’autre côté :
Cette berge du fleuve est peu construite,
On voit l’autre rive et ses façades anciennes.
Un navire hollandais est garé devant et prend toute la place.
En revenant de l’autre côté nous allons y jeter un œil,
Des marins saluent le drapeau dans la nuit tombante.
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Nous passons vite devant des grands murs peints par des artistes de rue,
Marchons vers l’hôtel dans le froid qui insiste,
Quand nous partons dîner, de minuscules flocons dansent autour de nous.

Le lendemain il fait un grand soleil perçant,
Les rues sont à l’ombre et le vent est glacé.
Nous nous dirigeons vers une grande tour rouge aux larges fenêtres,
Le MAS, ce nouveau musée à la mode qui regarde l’eau tout autour.
Il y a huit étages, une vue sur Anvers ensoleillée,
Les explications sont uniquement en néerlandais,
« Prenez l’ipod pour les autres langues » m’a dit un guichetier en me tendant un énorme boîtier.
Il faut chercher chaque objet, je renonce vite en râlant,
Je parcours vite chaque niveau, je trouve le musée ennuyeux,
Seul le huitième étage me garde plus longtemps au milieu des statuettes pré-colombiennes.
Je redescend et trouve I. au troisième étage, regardant chaque tableau,
Lui trouve ça passionnant – « Tu reviendras, et puis c’est l’heure de manger ».

Nous sortons dans le froid intense,
Nous avons décidé de déjeuner cap-verdien, dans les environs.
Le repas est décevant, je chipote devant mes sardines grillées,
Quand nous repartons j’ai encore faim et mes jambes sont saisies par le froid,
Ma tête aussi, mes oreilles me font mal,
Mes mains frissonnent sous mes gants.
Nous suivons la promenade indiquée sur notre carte,
Traversons le quartier portugais, turc, arabe,
Prenons un chocolat dans un café art déco,
Nous voilà revenus à la gare.
La promenade continue mais j’en ai assez,
I. accepte de rentrer,
Je m’endors sur son épaule dans le train qui nous ramène à Bruxelles.

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